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Roberto BARBANTI "La question de l'ultramedialité" in : 3rd International Art Meeting, Katowice 2000, J. Bury (dir.), Catalogue de festival. Katowice, Pl. : Galeria Sztuki Wspolczesnej BWA Katowice, 2002.
La question de lultramedialité
Poser la problématique du rayonnement électromagnétique et des différentes formes de rayonnement infra et supra liminal dans lart, signifie poser la question esthétique - laisthêtikos : le sentir, le percevoir - dans toute son ampleur. Cette question du sensorium nest plus pensable aujourdhui en dehors de celle de la technique. En effet, les modalités de perception, le statut de lart, celui du medium et de limage, la matérialité de luvre et son "essence", etc., sont toutes des problématiques intimement liées au devenir actuel du phénomène technique.
Je travaille depuis la fin des années quatre-vingt autour dun ensemble d"outils" conceptuels (au sens théorico/philosophique et artistique du terme), qui concernent aussi bien le domaine spécifique de lart que celui plus général du devenir collectif, ce qui ma amené à forger une notion nouvelle : celle dultramedialité.
Cette problématique du dépassement du medium (ultra-media) a été posée dans lart par Marcel Duchamp, mais sa "réalité" a éclaté au grand jour à partir des années cinquante pour ensuite se généraliser et se manifester, dune façon toujours plus évidente, dans les arts électroniques.
Ces derniers sinscrivent, eux aussi, dans la dynamique du phénomène technique. Penser les arts électroniques (ou lart technologique ou lart des nouveaux media, etc., selon les appellations aujourdhui utilisées) (1) en dehors du phénomène technique lui-même est une erreur aussi fréquente que répandue, même si cette relation est, de toute évidence, incontournable. Cela non seulement pour des indéniables raisons concernant lorigine et lhistoire de ces modalités dexpression ainsi que la nature intrinsèque des media utilisés, mais aussi à cause de la convergence et de lassimilation, progressive et systématique, des problématiques théoriques et "idéologiques" entre ces deux univers, convergence qui concerne également leurs dynamiques factuelles et leurs procédures opérationnelles.
Il faut donc, de toute évidence, partir de la technique pour aborder toute problématique concernant le sensorium et lart, et nous poser la question suivante : quelle est la nature de ce phénomène?
Comme laffirme Jacques Ellul, le phénomène technique se manifeste par une volonté qui aspire à "transformer toute chose en moyen" (2) pour "rechercher en toute choses la méthode absolument la plus efficace" (3) "en se fondant, il ajoute, sur le calcul, dans la plupart des cas" (4). Autrement dit, comme on pourrait laffirmer avec Heidegger, le phénomène technique, ou la "technique" tout court, est la manifestation en acte dune "pensée calculante", et cette "pensée calculante" est au fond laspect intrinsèque de la technique en tant que telle, ce qui la définit pour ce qui lui est propre.
Aujourdhui, le phénomène technique se dévoile dune façon particulière. Comment se manifeste donc, à présent, cette volonté de "transformer toute chose en moyen"? Quelle forme assume cette "pensée calculante"?
On perçoit actuellement une tendance fondamentale qui met aussi sous un nouveau jour la nature de ce phénomène dans sa totalité. Comme je lai affirmé plus haut, jai appelé cette tendance fondamentale la dimension ultra-media : lultramedialité (5). Voyons de plus près ce que jentends par là.
Par "ultra-media" jentends une dynamique profonde de "disparition-généralisation" du medium, le medium étant : lélément intermédiaire entre le sujet et lobjet. En définitive avec medium je désigne lobjet technique, la matérialisation concrète du phénomène technique. Or, aujourdhui, nous assistons à une "disparition" de ce medium : la matérialité de la technique tend à "fondre", à se diluer, dans une sorte dimmatérialité et de dimension informationnelle. En même temps, dans cette nouvelle modalité dêtre elle tend aussi à se diffuser partout, à pénétrer chaque aspect du réel, à se greffer, shybrider à toute réalité physique et "méta-physique" (en entendant ici, dune façon réductive, par "méta-physique" la dimension psychologique : mentale et affective)
Lultramedialité correspond à une réalité très complexe qui, pour ce qui nous intéresse ici particulièrement, peut être analysée sous langle de deux phénomènes distincts, qui sont très étroitement reliés et interdépendants : dun côté, par ce mot, jindique lactualisation dune nouvelle phase de la technique (qui, en quelque sorte, jette une nouvelle lumière aussi sur les phases précédentes et la nature intime de ce phénomène lui-même) et de lautre je désigne lélément de fond qui relie les multiples et différents positionnements artistiques de notre temps. Cet élément, qui correspond, en profondeur, aux principales modalités et attitudes développées par les artistes de prendre en compte la dimension technique elle-même, a déterminé la nature intrinsèque du phénomène esthétique et artistique du XXème siècle.
Analysons tout dabord, dun point de vue général, ce qui concerne cette "disparition - généralisation", ce "dépassement - saturation", du medium : cet aller "au-delà" (ultra) du medium.
Cette "disparition - généralisation" renvoie à une mutation profonde survenue au XIXème siècle. En effet, cest à ce moment queut lieu cet énorme processus dapplication, sur une large échelle, dun ensemble très différencié de découvertes et dinnovations scientifiques. Ce processus amena à lexploitation industrielle de la chimie, de lélectricité et de lélectromagnétisme, ainsi quà la progressive diffusion et généralisation des instruments et des dispositifs aptes à contenir les différentes formes de mémoire visuelle et acoustique (dont on verra limportance pour ce qui concerne lultramedialité dans lart). Cest là que nous pouvons situer la naissance de cette civilisation informationelle et immatérielle qui est la nôtre : là où, pour parler dans les termes de Lewis Mumford, lâge "paléotechnique" du "capitalisme carbonifère" et de lacier commence à décliner (6).
Cette dynamique a subi une accélération exceptionnelle, qui correspond à un saut qualitatif sans précédent et donc à une véritable rupture épistémologique, à partir de la deuxième guerre mondiale, avec les recherches sur latome, sur lélaboration quantitative et binaire de linformation et sur la structure de lADN (7).
Cest à ce moment que nous rentrons, à proprement parler, dans une dynamique collective et massive de lultramedialité. La dimension infinitésimale et immatérielle de ces techniques (de la chimie aux biotechnologies, en passant par lélectricité et latome) fonde, pour ainsi dire, la "matérialité" factuelle de cette réalité. En effet, cest à partir de cette nouvelle phase opérationnelle du développement technique, totalement centrée sur le côté immatériel, que lultramedialité prend forme au sens fort.
La technique, en tant que volonté de réduire "toute chose en moyen" et "pensée calculante", a toujours été lexpression et la manifestation dune dimension abstraite : on pourrait même affirmer que la technique dans sa première détermination est pure abstraction. Cependant, la capacité applicative de travailler matériellement à un niveau immatériel se manifeste, dune façon socialement importante, seulement, comme on vient de le dire, à partir du XIXe siècle.
Cette dynamique ultra-media nous oblige aujourdhui à prendre conscience dune question fondamentale : laspect le plus important de la force et du projet de la technique, autrement dit de la volonté de la technique, réside dans lespoir et la possibilité effective quelle puisse, en tant quélément maîtrisable, planifiable et programmable se substituer à la nature : rentrer en elle et la dominer de lintérieur pour la rendre plus domestiquée, efficace et rentable, cest-à-dire, au fond, pour essayer dévincer toute "contrainte" spatio-temporelle. En effet, cest cette caractéristique de vouloir annihiler toute "contrainte" spatio-temporelle, qui, dès nos jours et dans une immense majorité de cas, est à la base de cette pensée calculante et qui motive cette volonté de réduire toute chose à un moyen (8).
Cette volonté de domination aspire donc aujourdhui, dune façon évidente, à briser toute barrière entre technè et bios, autrement dit, entre "artifice" et "nature". Le phénomène technique tend à se dissimuler dans la nature et à se lapproprier.
Cette tendance, que jai donc appelée ultra-media, se manifeste du point de vue physique par une croissante "nanotechnicisation", "molécularisation", "atomisation" et "génétisation" de la production "matérielle" (qui est ainsi tendanciellement asservie et modelée selon nos projets imaginés et nos images projetées) et du point de vue "méta-physique" par une croissante adéquation et mise à disposition de tout individu à limage, cest-à-dire à des modèles abstraits, préconçus, partiels et généralisés, de représentation du réel ou alors, dune façon spéculaire, de projection dans le réel de nos représentations.
Cela implique dune façon tendancielle un processus dhybridation entre le sujet et lobjet qui porte à exclure toute médiation entre ces deux déterminations, ce qui signifie non pas un retour au "sujet collectif" pré-moderne, mais la mise à disposition du sujet actuel au dispositif technique.
"Neutralisation" du sensorium
Leffet de ce processus global (disparition du medium et asservissement à limage, ainsi que lhybridation entre le sujet et lobjet) sur lappareil sensoriel humain, le sensorium, est que celui-ci est progressivement rendu incapable de percevoir et de détecter la réalité telle quelle est crée par nous-mêmes. Cest déjà, et largement, un état de fait. Le sensorium devient un épiphénomène dont la nécessité (cest-à-dire la capacité quil avait de nous orienter dans le réel et par là même de nous guider, dune façon littéralement sensée, dans nos choix) devient de plus en plus secondaire pour ne pas dire nulle. Autrement dit le medium, laspect matériel du phénomène technique, en disparaissant tend à absorber en lui-même ces deux "anciennes" déterminations qui sont le sujet et lobjet, en créant ainsi des conditions nouvelles dans la perception.
Cette "annihilation" du sensorium, dans sa fonction fondamentale de repère et référent ontologique, a comme revers complémentaire la production dun univers global de représentation et de simulation. À un monde réel qui nous échappe totalement correspond donc la réduction en image codifiée de notre réalité. Cest limage de nous même qui, "pré-figurée" et "pré-déterminée", devient instantanée et ubiquitaire. Et cest ainsi que les individus, progressivement assujettis à des modèles de représentation formelle et cognitive qui nadmettent aucune ambiguïté et qui nous sollicitent et nous interpellent de plus en plus, sont mis à sa disposition (9).
Mais comment cette progressive "neutralisation" des différentes modalités perceptives se passe-t-elle concrètement?
Cela se passe principalement non pas tant par une forme d "abaissement" de ces mêmes capacités, mais plutôt par la modification radicale du contexte, qui est, au fur et à mesure, construit au-delà des seuils physiologiques absolus qui leurs sont propres, et par la modification radicale des grilles signifiantes et des modalités - autrement dit, des modèles et des conditions - de perception (10).
Cette affirmation sur la "neutralisation" du sensorium, malgré son aspect abstrait et à lapparence excessive (après tout, on continue bien à percevoir le monde environnant) correspond, en vérité, à un état tout à fait factuel, même si non directement perceptible par nos sens. En effet, aussi paradoxal que cela puisse paraître, sans lintermédiaire des différentes machines et instruments danalyse et de mesure (11) nous serions désormais dans limpossibilité, non seulement de détecter la "substance" de ce monde, mais tout "simplement", de pouvoir y vivre. Le fait est que la réalité, telle quelle est produite par le dispositif techno-économique actuel, est devenue essentiellement insaisissable. Nimporte quel processus de production industriel met en jeux un ensemble d "éléments" dont nous ne sommes plus capables ni didentifier les composantes, ni de juger de leur degré de persistance ou simplement de présence dans notre vie de tout les jours. En effet, la dimension ultra-media du phénomène technique nest pas seulement une dynamique exponentielle de miniaturisation du dispositif technique qui sintègre au vivant, dans sa nature énergétique et informationnelle, mais aussi une réalité bien plus vaste qui concerne lensemble de la production matérielle et industrielle : pour lessentiel, celle-ci échappe désormais, dans son être et dans son devenir, à tout contrôle sensoriel (12).
Avant de conclure sur ce point, il faut préciser que laffirmation ici soutenue dune "neutralisation" du sensorium ne veut pas dire que le sensorium na plus aucun rôle à jouer, bien au contraire! Ce qui reste central est de saisir limportance et la nouveauté de cette nouvelle condition à laquelle le sensorium se trouve aujourdhui confronté.
Lart et lultramedialité
Voyons maintenant cette dynamique ultra-media dans les implications qui concernent directement lunivers de lart.
La problématique esthétique trouve dans la dimension ultra-media la raison et le cadre qui permettent de lui donner une base explicative. En effet, tout au long du XXème siècle les manifestations de la créativité artistique renvoient elles aussi, en quelque sorte, à cette dynamique profonde de "disparition-généralisation" du medium. Il faut préciser que cette dynamique ultra-media de lart nest pas une conséquence, un épiphénomène dun processus plus important, le processus technique, qui lengendrerait de lextérieur dune façon déterministe, mais elle est un moment fondamental de ce même processus, elle est partie prenante dans cette révolution de lultramedialité.
Cependant, à lorigine, ce sont bien des modifications techniques qui vont changer radicalement les modalités dêtre spécifiques à lart. A partir du début du XIXe siècle, trois révolutions capitales se mettent en place : celle de la mémoire visuelle, celle de la mémoire acoustique et celle de la transmission/échange de linformation. Pour résumer en trois date ce processus il suffit de citer lannée 1839 et l "invention" du daguerréotype, lannée 1877 et le phonographe dEdison et lannée 1899 avec la première liaison par télégraphe sans fil au dessus de la manche réalisée par Guglielmo Marconi, date qui marque le début (avec celle de linvention du télégraphe en 1845 par Morse) de lère de la transmission de linformation et de la communication moderne.
Aujourdhui ce cadre apparaît ultérieurement modifié puisque les données ont encore une fois changé radicalement, en passant, pour ainsi dire, dune dynamique de la "mémoire" à une autre de la "pré-vision", de celle de l "information" à celle de l "in-formation". Ce qui implique et signifie, sur le plan esthético-artistique, une tendance à la formalisation généralisée de tout type dimage ainsi quà laccomplissement de ce long processus, commencé avec le télégraphe, la photo et le phonographe, et accéléré dans les années 30 et 40 du XXème avec les "canaux de transmission technique" spatio-temporels (la radio et le magnétophone), comme les a appelé Abraham A. Moles (13), vers une capacité de dépassement de lespace/temps dans linstantanéité et lubiquité. Ce processus sinscrit dans celui du déploiement du phénomène technique dans le réel et correspond à cette nouvelle modalité de constituer, façonner et matricer la matière, organique et inorganique, de lintérieur : linformation étant ainsi inscrite dès lorigine dans l "objet" et non pas "transmise" à celui-ci par la suite.
Cest à cause de tout ceci que, comme nous le savons, les procédures classiques de production matérielle de luvre dart, ainsi que les modalités techniques et les visées conceptuelles et expressives de cette même production, subissent une mutation substantielle.
En ce qui concerne les arts visuels, on peut énoncer trois conséquences fondamentales : une crise profonde des procédures "traditionnelles" de représentation du réel, la fin de la notion duvre, en "perte daura", et enfin le déclin de celle dobjet, qui seffrite dans une dynamique immatérielle et processuelle.
Ces trois changements, profondément impliqués les uns dans les autres, peuvent être reconduits à un dénominateur commun : le medium, en tant quobjet, uvre, matérialisation technique, tend à disparaître tout en se généralisant.
Du point de vue historique, la conscience de cette profonde mutation se manifeste dans la "production" artistique dès le début du siècle. On pourrait retenir lannée 1909 comme date symbolique de ce passage (avec le Manifeste Futuriste, le début de labstraction avec Kandinsky et la mise en place de la démarche cubiste chez Picasso et Braque), mais, en réalité, le véritable basculement sopère en 1913 avec le ready made de Duchamp. Cest une histoire connue dont les contenus essentiels nécessitent simplement dêtre, encore une fois, énoncés afin de situer cette problématique dans son contexte : laspect formel et son impact sensoriel, deviennent "prétexte" au geste, au choix et à lintention de lartiste. Le medium artistique est dépassé. On pourrait dire, avec Pierre Restany, que lart bascule de lesthétique à l "éthique" (14).
Lart nest plus appelé à "nourrir les sens", mais plutôt à "donner du sens", en manifestant un positionnement critique et de perspective. Un art qui génère des modèles alternatifs et qui devient le laboratoire vivant dune réflexion et dune exploration de lensemble de ces modifications, aussi bien pour ce qui concerne le medium et le sensorium que la dynamique sociale.
Le slogan "lart cest la vie" (forgé entre les années cinquante et soixante) traduit dune manière exemplairement claire ce rôle fondateur et fondamental, joué par les artistes au XXème siècle, dexpérimentateurs sociaux des horizons et des modèles collectifs perceptifs et existentiels. En se refusant à la "re-présentation" et à toute logique purement perceptive-formelle, ils rentrent dans une dynamique de la "présentation". "Présentation" de toutes les possibles modalités d "être". Cest là quil y a "dépassement-généralisation" du medium artistique - luvre - qui sintègre et se manifeste par le biais du contexte social, du "cadre" global, de lenvironnement, du corps, du concept, de lobjet anodin et quotidien, des "techno-logiques", et cætera. Cest là aussi que, pour aller à lessentiel en résumant dune façon abrupte, lart change de statut, et quil abandonne, comme on a vu, une dimension esthétique pour rentrer dans une "tension" éthique. Avec un jeu de mots on pourrait dire quil rentre dans une dynamique "esth-éthique" (15). Cest ici que se trouve la nature profonde de lart du XXe siècle et son véritable "esprit".
À partir de Duchamp, la dynamique fondamentale et la plus représentative de "son/notre" temps, est celle-ci. Lhistoire de lart de ce siècle est une suite dévénements qui exemplifient cette nouvelle situation. De lattitude "franciscaine" dun Hugo Ball à la critique révolutionnaire lettriste, jusquau Happening, à la Performance, au Body Art, à lArt Conceptuel ou encore au travail dun John Cage, dun Joseph Beuys, dun Robert Filliou et aux projets dun Kit Galloway et dune Sherrie Rabinowitz, dun Mountadas, dun Mit Mitropoulos, dun Fred Forest, etc : tous ces mouvements et protagonistes de lart de notre temps sont lexpression dune dynamique qui est avant tout manifestation dune "éthique" à luvre, ainsi que lexemplification parlante et éclatante de ce dépassement du medium et de sa thématisation. Autrement dit dune pratique artistique qui est essentiellement choix, projet critique et éthique dans le devenir esthétique.
Cette dynamique ultra-media des artistes du XXe siècle est donc lexpression dun nouveau positionnement qui dépasse largement une simple réaction aux problématiques de la représentation et de luvre. Nous sommes, en quelque sorte, bien au-delà dun questionnement purement formel, puisque ce qui est en jeu est le statut, le rôle et la possibilité de la perception même et, au-delà de ceci, le destin de lart et de lhumain. En effet, ce processus de "dépassement" de lesthétique, avant dêtre une forme dinnovation ou dactualisation des écritures artistiques, est la modalité dêtre dune tentative ultime, opérée dabord par les avant-gardes historiques et repris à maintes fois tout au long de ce siècle, de trouver des réponses et des modalités relationnelles capables dassumer et de faire face à cette disparition du medium et à cette crise de laisthêtikos qui en découle : cette "neutralisation" du sensorium dont on a vu le devenir.
Les problématiques futuristes de lénergie et des lignes de force, la tentative cubiste de "traduire" picturalement un espace "aux multiples facettes", la quatrième dimension de Duchamp, la prééminence du "spirituel dans lart" et la recherche de ses fondements universels dun Kandinsky, etc., peuvent aussi être lus, au-delà de tout problème de langage, comme les premières tentatives de saisir (et de trouver par là des modalités dexpression adéquates) un réel qui a tendance à se voiler et a se "des-esthétiser". Dans cette lignée, on pourrait interpréter les analyses situationnistes sur la société du spectacle comme la prise de conscience radicale et définitive de cette anesthésie générale et de cette paralysie collective auxquelles le mélange entre image et réalité a finalement donné lieu.
La notion de neutralisation du sensorium dans lart, ne renvoie pas seulement à ce processus globale d "an-esthésie" objective et collective, mais aussi à une dynamique très complexe et plus spécifique. Celle-ci se constitue, au départ, dans une dévaluation de toute modalité de reproduction "artisanale" du réel qui aboutit à une industrialisation et technicisation de ces mêmes procédures. Ce processus engendre, par la suite, une inflation généralisée de tout genre dimage qui produit, à son tour, une forme daccoutumance et de surcharge dinformation. Cette pollution constante qui sétale dans lespace collectif de notre "bio-techno-sphère" et qui remplit aussi notre temps social, conduit à une sorte dindifférenciation des informations qui leur enlève tout caractère qualitatif. Le seuil de réception est ainsi artificiellement modifié en aboutissant par là à ce que lon pourrait définir comme une véritable invalidation de la perception. Par ailleurs, ce même processus dindifférenciation qualitative produit un effet de déréalisation du réel qui perd ainsi son statut et son fondement dentité, par définition, opposée à limage. Comme on vient de le dire, il sagit dune dynamique que, depuis Guy Debord, nous connaissons très bien.
Cet aspect, disons "quantitatif", ne doit pas cependant nous induire à penser cette problématique comme étant limitée et réductible à ce seul niveau. Il est certain quil existe des implications qualitatives, concernant le sensorium et les modèles cognitifs, dues à ce phénomène quest lultramedialité. Il serait, par ailleurs, difficilement concevable quà un tel bouleversement technique ne correspondent pas de nouvelles modalités de structuration et dorganisation spatiotemporelles ainsi que dacquisition de la connaissance. Si on ajoute à cela que la technique, comme le soutient Derrick de Kerckhove, a un impact "transparent", cest-à-dire qui affecte le sensorium dune façon imperceptible, alors nous devons redoubler de vigilance sur ce sujet qui, capital pour notre avenir, risque de passer, au vrais sens du terme, inaperçu.
Face à cette crise du medium et du sensorium, il y a eu deux réactions différentes de la part des artistes. Pour résumer dune façon très sommaire on peut dire que : en ce qui concerne les avant-gardes historiques et les néo avant-gardes, on a été confronté à une attitude "antagoniste" et de questionnement critique (perspective que jai définie, avec le néologisme, "esth-éthique"). Cette attitude a été complètement renversée par lémergence, à partir des années quatre-vingt, dune mouvance que jappelle techno-cyber, mouvance qui assume à la lettre lultramedialité dans un projet applicatif et dont la notion de cyborg représente à la perfection cette volonté fonctionnelle dintégrer la technique à lhumain en hybridant le medium au corps, perspective qui implicitement vise lannihilation définitive du sensorium (16).
Espace/temps
Nous ne pouvons pas nous attarder dans une analyse plus détaillé de cette mouvence, cependant on pourra mieux la comprendre en inscrivant les problématiques qui la sous-tendent dans un questionnement plus général concernant la notion despace/temps.
Lultramedialité implique limplosion et la contraction de lespace/temps ainsi que sa fragmentation, autrement dit son dépassement. Cela se manifeste par une confrontation croissante avec le temps réel. Cependant cette dimension temporelle - du temps réel - nest pas lexpression dun déploiement "co-existant" à lêtre, mais au contraire dune contraction, dune accélération constante du temps. En réalité, nous sommes de plus en plus dans une istantanéitée éclatée, une forme d "u-chronie" (comme lécrit Edmond Couchot), d "a-temporalité" perpétuelle. Un "manque de temps", pour le dire en termes prosaïques, qui tend à devenir une absence du temps : un non-temps, tout court.
La tendance de la technique, et avec elle celle des arts électroniques dans leur généralité, réside dans cette accélération du temps, dont lobjectif ultime est son "abolition". Tout voir et tout entendre dans un seul instant, voici ce que lon vise : laccélération du montage télé, les rythmes obsessionnels et incantatoires de la techno, le reflex conditionné des jeux vidéo, le zapping de site en site sur internet, etc. sont autant dexemples de cette boulimie spatiotemporelle.
Donc, il ne sagit pas dune possibilité de déploiement temporel, mais au contraire dune tentative de réduire ce temps aux mêmes dynamiques phénoménologiques du rétinien dans la perception de lespace, autrement dit : listantaneité du coup dil (17).
Nous pouvons trouver un exemple et un modèle précis de cette convergence et de ses caractéristiques dans limage numérique, puisquil est désormais évident que nous assistons à une contraction de ces deux entités (lespace et le temps : limage dans son actualisation) dans une unité substantielle. En effet, si le temps tend à devenir de limage, limage devient du temps, comme nous ont appris Nam June Paik et Bill Viola (18). Limage vidéo est le temps de balayage de lécran et limage numérique est le temps de calcul de ses algorithmes. Ces nouvelles images ne sont rien dautre que de la temporalité rendue visible et par là même une temporalité et une visibilité qui nous échappent : comme laffirme Edmond Couchot, limage numérique se caractérise par une dimension à la fois "utopique et uchronique" (19).
En définitive, pour résumer, toute dynamique de la perception semble être confrontée à ce genre de réalité, autrement dit à une annulation tendancielle de lespace et du temps. En effet, dans la dynamique ultra-media toutes les différentes formes de perception semblent avoir une propension à se rassembler et à shybrider sous un seul mode dexistence, une unique forme et modalité dêtre de leur apparence phénoménologique : celle dun constant dépassement.
Ultra-vision
La nature de cette "unification" se produit sous le signe dune nouvelle domination du rétinien. Cette tendance à luniformisation est typiquement et intrinsèquement rétinienne. Nous sommes donc loin dune nouvelle polysensorialité et de léquilibre "acoustique" (20) théorisé dans les années soixante.
En effet, comme on le sait, McLuhan indiquait dans la dimension visuelle le propre de la culture occidentale, mais il pensait que lélectricité aurait remis en question cette domination sensorielle pour laisser la place à une forme plus "démocratique" de la perception, une forme axée sur la dimension acoustique.
Probablement McLuhan avait trop hâtivement conclu à cette remise en cause globale du rétinien par lélectricité.
En effet, dans son devenir technique, la destinée ultime du medium est de se nier en tant que tel pour se dissoudre et disparaître dans une indifférenciation généralisée. Celui-ci est le message actuel du medium et lélectricité non seulement ny échappe pas, mais elle est une des manifestations les plus éclatantes de ce même phénomène.
En tant quénergie et dimension informationelle, elle active et participe à cette tendance à la dématérialisation qui est le propre du phénomène technique, dont elle illustre très clairement la logique intrinsèque : logique qui consiste à pénétrer chaque aspect du réel pour mieux sy éclipser. Ses caractéristiques acoustiques de simultanéité et dubiquité en font même le modèle ultime de la technique dans son devenir ultra-media, devenir qui tend à annuler toute contrainte despace et de temps dans un projet de calculabilité applicative généralisée du réel. Cette caractéristique de calculabilité applicative est essentiellement rétinienne dans le sens quelle nécessite pour pouvoir sappliquer de distance et de séparation : distance et séparation qui sont les attributs les plus intimes du rétinien. En réalité, lélectricité représente le modèle idéal du medium à lépoque de lultramedialité. Avec elle on est donc confronté à un paradoxe : elle cache du "rétinien" derrière des apparences "acoustiques".
Cest ainsi que la dimension rétinienne, loin de retrouver une place équilibrée parmi les autres modalités perceptives, tend de plus en plus vers une forme dexacerbation de ses propres caractéristiques. Le rééquilibrage sensoriel, dont McLuhan avait fait lhypothèse en tant que conséquence de lintroduction de lélectricité, ne sest pas produit. Nous vérifions, au contraire, laffirmation progressive dun ensemble de modèles axés sur une hyper accentuation du "regard". La dynamique ultra-media de la technique, dont lélectricité nest quune des manifestations parmi les plus importantes, induit et favorise une dynamique cognitive et sensorielle ultra-visuelle (21). Nous sommes donc confrontés à une ambivalence radicale. Nous rentrons dans une "réalité" contradictoire, une réalité qui, sous des apparences "acoustiques" dinteractivité, de multiplicité, de relation immédiate et "touchante", etc., cache une "essence" entièrement programmée et calculée : rétinienne.
Dans cette situation nouvelle, et à lapparence paradoxale, la domination du rétinien reste donc intacte et accrue, même si lextériorité de ce qui se passe peut laisser croire à un nouvel équilibre sensoriel.
Cest ainsi que nous devons, maintenant, nous préparer à un nouvel horizon : englobant et insaisissable, mais dune rigidité surprenante. Cet horizon semble se manifester dune façon representative dans les dernières manifestations des arts électroniques. Celles-ci sont probablement lexpression la plus visible de cette nouvelle réalité. La temporalité qui les caractérise, dans son hybridation à lespace, semble générer des modèles très sophistiqués et reconductibles, pour lessentiel, à une dynamique autre que celle dun déploiement temporel. Egalement pour la dimension acoustique : loin dêtre la manifestation dun rééquilibrage sensoriel, elle est, paradoxalement, lexpression de louverture dune nouvelle phase dans la domination du rétinien.
Ce devenir ultra-visuel, ce court-circuitage de lespace/temps, est donc la manifestation dune abstraction accrue qui tend à destituer laisthêtikos de tout fondement direct. Cest aux artistes de conduire les investigations nécessaires sur les possibles stratégies dopposition à cet état de choses. Cela à condition dassumer jusquau bout le rôle dexpérimentation existentielle et esth-éthique du sensible que notre siècle semble leur avoir attribué.
En dautres termes, il sagit de prendre conscience que lenjeu aujourdhui nest pas tant celui dun élargissement de la "palette" des matériaux disponibles, mais celui, chose infiniment plus importante, de concevoir les nouvelles stratégies du sensible et de création de luvre à lépoque de lultramedialité.
Notes
(1) Nous utilisons ici lexpression générique d"arts électroniques" pour indiquer, en première instance, lensemble des activités qui utilisent et thématisent les nouvelles techniques électroniques : magnétiques/analogiques (magnétophone, vidéo), informatiques (synthèse numérique, réseaux, téléprésence, etc.), optiques (laser, holographie). Cependant, en réalité, létendue du domaine recouvert par cette notion d"arts électroniques" est beaucoup plus vaste. Frank Popper, dans son livre sur Lart à lâge électronique (Paris, Hazan, 1993), classe, sous cette étiquette dart électronique ou technologique, lensemble des manifestations artistiques produites par la convergence des beaux-arts avec "la science pure et la technologie", convergence qui sest effectuée, selon cet auteur, au XIXe siècle. Cest précisément cette "évolution qui a conduit, à la fin du XXe siècle, à ce que lon peut appeler lart technologique ou électronique" (page 7). Cette définition de Popper montre clairement le lien insécable entre technique et arts électroniques, ce qui fait que ces derniers ont tendance à déborder sur un ensemble de champs disciplinaires qui sont très éloignés, si non carrément étrangers au domaine esthétique traditionnel. Cest ainsi que certains artistes, dans une approche de plus en plus technicienne, développent, par exemple, des algorithmes génétiques ou sappliquent aux "nano" et "macro" technologies, tandis que dautres travaillent dans une volonté "post-humaine" en cherchant à hybrider machine et biologique. Il faut donc entendre la notion darts électroniques dans cet ample éventail sémantique qui va bien au-delà de la seule application de lélectronique aux traditionnelles disciplines artistiques.
(2) Jacques Ellul, La technique ou lenjeu du siècle, Paris, Economica, (1950 et 1960) 1990, p. 130.
(3) Ibidem, p. 19.
(4) Ibidem, p. 130.
(5) Jai forgé la notion d"ultramedialité" à cheval des années 1980 et 1990. Jen ai parlé dans plusieurs textes dont voici quelque référence bibliographique : Roberto Barbanti, "Oltre lopera: prassi ultramediali e poEtiche. Note introduttive" in R. Barbanti (sous la direction de), Arte immateriale Arte vivente, Ravenna, Essegi, 1994; idem, "Al di là dellestetica: ultramedialità e po-eticità", in Mario Costa, Nuovi media e sperimentazione dartista, Napoli, Edizioni Scientifiche Italiane, 1994; idem, "Lo stato delle cose", Epipháneia, (Napoli: Minervini Editore) n°1, 1996; idem, "Essere di pArte, essere a pArte", Harta Performing, (Monza) 3-29 / 2-97, 1997; idem, "Per una nuova estEtica" in Anton Roca, Das Erd Projekt, Ravenna, Danilo Montanari Editore, 1998 (catalogue dartiste); idem, "Natura e cultura nellepoca dellultramedialità. Arte, tecnica e chimere", in Actes du Colloque Natura e Cultura Oggi (Sabbioneta, Mantoue - Italie : 2 Octobre 1999); idem, "Ultramedialité et Mail Art" in Jean-Noël Lazlo (Anne Cauquelin et Roberto Barbanti), Correspondances, Toulon, Editions Art-Terre, 1999; idem, "Crisi e persistenza del modello retinico occidentale. Elementi per la definizione di un nuovo paradigma acustico", in Albert MAYR (sous la direction de), Suoni e ritmi dellambiente (à paraître dans la collection CIMES-Università degli studi di Bologna, Italie); idem, "Lart techno-cyber : la dérive technicienne de lesprit utopique de lart du XXème siècle. Lutopie à lépoque de lultramédialité" in R. Barbanti et Claire Fagnart (sous la direction de), LArt au XXème siècle et lUtopie, Paris, LHarmattan (collection PARIS VIII), 2000.
(6) Lewis Mumford, Technique et civilisation, Paris, Seuil, 1950.
(7) Cette "rupture" a été analysée par des nombreux théoriciens. Voir, par exemple, les travaux de Jeremy Rifkin, ou encore le texte, publié récemment, de Michio Kaku (Visions, Paris, Albin Michel, 1999).
(8) Cette volonté de "dépassement" spatio-temporel, népuise pas à elle seule la signification globale de la technique, mais elle en révèle un de ses traits fondamentaux.
(9) Nous avons un exemple significatif, courant et généralisé de cette "pré-détermination" dans les jeux vidéo.
(10) Nous avons des cas de figure précis et éclatants, comme par exemple : le walkman, et plus en général lamplification du signal sonore, qui modifie lensemble des conditions découte et de perception (au-delà de pouvoir provoquer des dégâts momentanés ou permanents à lappareil auditif); la vision figée du hublot, espèce de lucarne-écran informatique dont nous a parlé Virilio, qui caractérise le regard depuis lavion ou le TGV; lénergie électrique ou le moteur à combustion interne qui, en changeant le rapport signal/bruit, modifient le seuil de perception acoustique dans les contextes où ils sont présents (comme nous la expliqué Murray Schafer avec sa notion de "tonalité"); la surenchère polluante des images visuelles et acoustiques désormais omniprésentes; mais encore, sur les plans "matériel" et énergétique : tous les produits chimiques, génétiques, moléculaires et tous les types de rayonnement, de champ électromagnétique, etc. Lensemble de ces réalités contribue, dune façon indiscutable, à modifier aussi bien les conditions matérielles que les grilles dinterprétation inhérentes à la perception.
(11) Dans leur ensemble, ces instruments sont de facto inaccessibles à tout individu "isolé" : soit en termes daccès réel, soit en termes de connaissances spécifiques requises pour pouvoir les utiliser. Il est évident que lindividu en tant que tel, à partir de ses seules capacités perceptives, na plus aucune possibilité de sorienter dans lunivers dans lequel il évolue.
(12) Il ne sagit pas seulement des milliers de molécules de synthèse ajoutées chaque année à la nature, mais bien au-delà, comme on la affirmé, de lensemble de la production industrielle : processus de fabrication et marchandise produite. Que lon pense, pour donner un exemple tout à fait anodin et au quotidien, aux tonnes de chape de pneus consommées chaque jour sur les routes du monde entier. Bien que pulvérisées et indétectables, elles restent, puisque non biodégradables, dans notre environnement à létat moléculaire. (Voir à ce propos : Aldo Sacchetti, Luomo antibiologico, Milano, Feltrinelli, 1985).
(13) Abraham A. Moles, Les Musiques Expérimentales, Zurich, Editions du cercle dart contemporain, 1980, p.15.
(14) Pierre Restany parle de ce basculement de lart de "lesthétique dans léthique" dans son ouvrage : Lautre face de lart, Paris, Galilée, 1979.
(15) Au sujet de la notion d "esth-éthique" (ainsi que de celle de "po-éthique" intimement reliée à celle-ci) voir : Roberto Barbanti, Larte nellepoca della barbarie, Ravenna, Essegi, 1993; le court texte Verità e Bellezza, Riccione, VA.C.A., 1995 (édition hors commerce); ainsi que le déjà cité Arte Immateriale Arte Vivente.
(16) Cette dernière mouvance trouve, bien entendu, dans différents mouvement artistiques ses références historiques : le Futurisme, le Constructivisme, le Bauhaus, puis le Spatialisme de Fontana, le Op Art, le Pop Art, lArt Cinétique, lIndependent Group de Londres, etc. La rupture fondamentale qui se manifeste avec lart techno-cyber consiste, comme on vient de le dire, à vouloir shybrider au medium et pas simplement à lutiliser et à le thématiser en tant que tel.
(17) Ayant déjà épuisé et maîtrisé lespace planétaire, il sagit maintenant de plier et domestiquer le temps.
(18) En ce qui concerne Nam June Paik, voir le numéro 47 (avril 1981) de la revue Art Press (Spécial Vidéo), pp. 7-9. Par rapport à Bill Viola, voir : Cahiers du Cinéma, Hors série n°14, "Où va la vidéo?", 1986, p. 70.
(19) "Au fond, limage de synthèse nexiste pas. Elle nappartient ni à un lieu ni à un temps propres, elle est littéralement utopique et uchronique". Edmond Couchot, "Rupture et continuité, les incidences du numérique sur lart contemporain, Les Papiers, n° 12, Automne 1993, Toulouse (P.U.M.), pp. 15-21.
(20) Par "acoustique" on entend tout ce "qui concerne louïe" (du grec akoustikos) et tout ce qui est relatif au son et à ses manifestations physiques. En particulier, nous faisons surtout référence ici à lutilisation quen a fait Marshall McLuhan ainsi quà la problématique développée par celui-ci sur ce sujet.
(21) Jai développé plus en détail cette problématique dans deux articles récents : "Dal retinico allacustico : elementi per la definizione di un nuovo paradigma" in Albert Mayr (a cura di), Il paesaggio sonoro, Roma, Università "Tor Vergata", 1997, pp. 68-85; "Autour du rétinien. Crise et consolidation dun paradigme", Cinergon, n° 6-7, 1999, pp. 13-34.